16ème jour de Messidor

Jour du Tabac. 4 juillet.

Le tabac est un produit psychotrope manufacturé élaboré à partir de feuilles séchées de plantes de tabac commun (Nicotiana tabacum), une espèce originaire d’Amérique appartenant au genre botanique Nicotiana (famille : Solanaceae).

Le tabac cause une forte dépendance et sa consommation est responsable de près de 6 millions de décès par an dans le monde dont 600 000 sont des non-fumeurs exposés à la fumée (tabagisme passif). De nombreuses maladies sont liées au tabagisme (maladies cardiovasculaires et cancers, entre autres).

Les Nicotiana sont des plantes néotropicales nitrophiles, originaires des régions chaudes et nécessitant un sol riche en humus.

La composition du tabac est complexe : sa fumée contient environ 4 000 composés chimiques, dont 250 sont dangereux pour la santé et 50 sont reconnus cancérigènes.

Lors de sa croissance, la plante absorbe plusieurs produits radioactifs, qu’on retrouve dans la fumée, le filtre et moindrement le papier des cigarettes puis dans les poumons, via l’inhalation de la fumée. On y trouve des traces de thorium, polonium et d’uranium. Le polonium du tabac engendre le plus de radioactivité inhalée.

L’American Journal of Public Health (en) a montré, en septembre 2008, que les « majors » de l’industrie du tabac, Philip Morris, RJ Reynolds Tobacco Company, British American Tobacco, etc., ont volontairement caché au public, depuis les années 1960, la présence dans les cigarettes de polonium 210, une substance hautement cancérigène, utilisée pour l’assassinat de l’espion Alexandre Litvinenko.

L’industrie du tabac ajoute des additifs (arômes, sucres, humidifiants) dans le tabac de cigarettes, notamment des composés d’ammoniac qui modifient le pH de la nicotine (plus alcalin), en facilitent l’absorption tout en renforçant la dépendance à celle-ci (ouverture plus importante des récepteurs à la dopamine).

Le tabac est consommé principalement fumé sous forme de cigares, de cigarettes, à l’aide d’une pipe ou d’un narguilé ; il peut aussi être mâché (chiqué), sucé (snus) ou prisé.

Au début du XXe siècle, le tabac est cultivé et consommé sur tous les continents. Les progrès techniques et industriels font évoluer sa production et la consommation de cigarettes supplante dès lors la chique, la prise, la pipe et le cigare.

En 1880, il est vendu cent millions de cigarettes dans le monde, 6 000 milliards en 2014.

En mai 2022, l’Organisation mondiale de la santé alerte sur les dégâts dus à l’industrie du tabac.

Environ 4 500 milliards de mégots sont jetés tous les ans. Cela fait de ce déchet l’un des plus importants au monde. Les experts en retrouvent des traces dans 70 % des oiseaux et 30 % des tortues ; sur les bords de la Méditerranée, 40 % des déchets ramassés sont des mégots, dont certains composants sont toxiques pour les animaux comme pour les plantes.

La culture du tabac nécessite beaucoup d’énergie, d’engrais, et 22 milliards de tonnes d’eau. La production annuelle (32 millions de tonnes) contribue à près de 84 millions de tonnes équivalent CO2, soit 0,2 % du total des émissions ; elle serait en outre responsable de 5 % du déboisement mondial. 90 % des cultures sont concentrées dans les pays en développement, où elles concurrencent les cultures vivrières.

La culture du tabac a nécessité 3,24 millions d’hectares (32 400 km2) de terres arables dans le monde en 2020.

Le séchage du tabac nécessite par ailleurs une grande quantité de bois. Le séchage à l’air chaud nécessite environ 20 kg de bois pour 1 kg de tabac.

Ce mode de séchage est le premier utilisé : environ 6 tonnes de tabac sur 10 sont traitées par ce processus.

Il entraîne une déforestation importante.

Au total, on estime qu’environ 2 à 4 % de la déforestation mondiale est due à la production du tabac, soit 600 millions d’arbres chaque année. Cette proportion s’élève à 5 % dans les pays en développement, notamment dans certains pays comme le Zimbabwe.

La consommation extensive du tabac dans le monde a engendré la constitution de majors d’industrie puissantes.

Le premier producteur mondial de tabac est le monopole chinois China National Tobacco Corporation.

Plus de 70 % du marché hors Chine est réalisé par quatre multinationales aux diverses marques. Ce sont, dans l’ordre décroissant de chiffre d’affaires :

L’américain Philip Morris International (Bond Street, Chesterfield, L&M, Marlboro, Philip Morris, etc.) ; afin d’éviter un risque de procès aux États-Unis relatif à ses activités à l’international, PMI s’est séparé de sa maison-mère Altria, société de tabac qui se limite désormais au marché américain, et a délocalisé son siège opérationnel à Lausanne, en Suisse ;

Le britannique British American Tobacco (Dunhill, Kent, Lucky Strike, Winfield, Vogue, etc.) ;

Le japonais Japan Tobacco (Benson & Hedges, Camel, Mild Seven, Silk Cut, Winston, etc.) ;

Le britannique Imperial Brands (Davidoff, Fortuna, John Player Special, News, West… et les anciennes marques françaises Gauloises et Gitanes, ainsi que les principales marques de tabac à rouler et de papier à cigarettes : Amsterdamer, Golden Virginia, Drum, Rizla+, etc.).

La production de tabac, estimée à près de 7 millions de tonnes, est dominée par la Chine, l’Inde et le Brésil, qui à eux trois réalisent plus de 60 % de la production mondiale. Dans l’Union européenne, les principaux producteurs sont l’Italie, la Pologne, l’Espagne et la Grèce.

L’Allemagne, la Bulgarie et la Suisse sont les seuls pays européens où la publicité pour le tabac est encore autorisée dans l’espace public. La Revue médicale suisse relève également en 2015 que « la Suisse est le seul pays européen où la publicité pour les produits du tabac dans la presse est autorisée et, avec la Biélorussie, c’est également le seul pays où il n’existe pas de limitation concernant le parrainage d’événements culturels et sportifs ».

Selon des découvertes récentes, l’usage du tabac remonte à au moins 12 300 ans. Des graines de tabac ont été découvertes près du Grand Lac Salé dans l’Utah, aux États-Unis.

Le mot « tabac », désignant à l’origine, pour les Européens, à la fois la plante et le cigare confectionné avec ses feuilles, vient de l’espagnol tabaco, lui-même emprunté à un mot arawak désignant une sorte de pipe, un instrument à deux tuyaux.

Il est attesté sous sa forme espagnole depuis la première moitié du XVIe siècle.

Les Arawaks, ensemble de peuplades amérindiennes des Antilles et d’Amazonie, possédaient donc probablement un autre mot pour désigner la plante que nous appelons tabac (digo selon l’archéologue Benoît Bérard) ; ce mot est apparu en espagnol par glissement sémantique, le contenant (pipe, instrument) finissant par désigner le contenu (feuilles séchées de la plante) puis la plante elle-même.

En 1492 Christophe Colomb le rapporte en Europe, à la Cour espagnole et portugaise, où il est pendant longtemps utilisé comme simple plante d’ornement. Ce n’est qu’au milieu du XVIe siècle que le médecin personnel de Philippe II d’Espagne commence à le promouvoir comme « médicament universel ». La première description écrite serait le fait de l’historien espagnol d’Oviedo.

Il est introduit en France en 1556 par un moine cordelier, André Thevet qui au retour de son séjour au Brésil, en fit la culture dans les environs de sa ville natale d’Angoulême.

On l’appelle alors « herbe angoulmoisine » ou « herbe pétun ».

Dès 1775, les premiers soupçons de relation entre tabac et cancer sont exprimés.

Les tabagies (en allemand Tabakskollegium) étaient des réunions réservées aux hommes aux XVIIIe et XIXe siècles pour discuter d’affaires entre eux, en particulier après la chasse. Le roi Frédéric-Guillaume Ier y était très assidu dans son château de Wusterhausen, où il s’entourait de ses proches conseillers, en fumant de longues pipes.

Dès 1917, on voit apparaître le tabac dans les rations alimentaires de l’armée française.

Date de dernière mise à jour : 05/07/2023