24ème jour de Messidor

Jour de l'Orcanette. 12 juillet.

Alkanna tinctoria, l’orcanette des teinturiers, orcanette tinctoriale, alcanette ou buglosse tinctorial, est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Boraginaceae, originaire du bassin méditerranéen.

En français, le terme « orcanette » désigne aussi, par métonymie, la racine de cette plante utilisée comme matière colorante.

C’est une plante prostrée, très basse et très velue, qui pousse le plus souvent sur les sables du littoral, en touffes plus ou moins circulaires.

Elle est utilisée depuis l’Antiquité pour ses propriétés médicinales, ainsi que pour la teinture rouge extraite de ses racines, qui justifie son épithète spécifique. Cependant cette plante contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques, substances dangereuses pour le foie, ce qui a conduit de nombreux pays à prohiber son emploi dans l’alimentation.

Alkanna tinctoria est une plante herbacée vivace, ligneuse à la base, multicaule, hirsute-hispide, pouvant atteindre 10 à 40 cm de haut, à port généralement décombant, formant une rosette de feuilles au niveau du sol.

Les racines présentent une écorce feuilletée de couleur rouge violacé.

Toutes les parties aériennes de la plante sont densément velues, avec des poils à base tuberculée, longs et raides, très abondants dans l’inflorescence, accompagnés de poils courts glandulifères.

Les tiges, simples, rarement un peu ramifiées, étalées puis ascendantes, portent de nombreuses feuilles.

Les feuilles basales (rosette), longuement pétiolées, pouvant atteindre 6,5 cm de long sur 0,6 cm de large.

Les feuilles caulinaires, alternes, de 1,5 à 4,5 cm × 0,4 à 0,8 cm de large, sont sessiles et décurrentes, embrassant la tige à la base.

La floraison a lieu d’avril à juin.

Les fleurs sont groupées en grappes, courtes et compactes au début de la floraison, qui s’allongent par la suite.

Le calice, entouré de bractées foliacées, est profondément divisé en cinq lobes.

La corolle, de 5 à 9 mm de diamètre, de couleur rougeâtre virant au bleu ou bleu-violet vif, glabre sur la face externe, pubérulente-glanduleuse sur la face interne du limbe, est soudée en un tube droit de couleur jaunâtre, de 3,5 à 4 mm de long.

Les étamines sont au nombre de 5.

Le fruit est formé de quatre carpelles libres de couleur grisâtre.

Le nom générique « Alkanna » dérive de l’arabe al-ḥinnā, qui désigne le henné.

L’épithète spécifique « tinctoria » (qui sert à teindre, tinctorial) en référence à l’utilisation de la plante.

Le nom commun « orcanette », attesté dès 1546 chez Rabelais, dérive de « arquenet » (vers 1393), altération de l’ancien français « alchane », du latin médiéval alchanna, dérivé lui-même de l’arabe al-ḥinnā.

L’aire de répartition d’Alkanna tinctoria couvre l’ensemble du bassin méditerranéen.

Alkanna tinctoria est une source de pigments rouges utilisés en cosmétique. On l’utilisait déjà dans l’Antiquité pour colorer les fards à joues destinés aux femmes.

L’emploi de l’orcanette comme colorant alimentaire (appelé E 103 Chrysoïne S) est interdit en France depuis le 23 octobre 1965.

Alkanna tinctoria est un astringent. La plante était traditionnellement utilisé par voie topique pour le traitement des plaies et des maladies de la peau.

Par voie orale, la racine de l’orcanette a été utilisée contre la diarrhée et les ulcères gastriques. La racine d’Alkanna a démontré une activité de récupération radicale, suggérant de potentiels effets anti-âge.

Alkanna tinctoria peut se révéler toxique pour le foie ou pour les poumons en cas d’utilisation alimentaire ou médicinale, du fait de la présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques dans les racines. Les effets indésirables peuvent concerner une insuffisance hépatique aiguë, une cirrhose, une pneumonie, une hypertension pulmonaire ou une insuffisance cardiaque.

L’ utilisation de l’orcanette comme colorant pour les tissus remonte presque certainement à plusieurs siècles avant J.C. La première attestation écrite de l’utilisation de cette plante est probablement celle que l’on trouve dans les travaux du médecin et philosophe grec, Hippocrate (460 av. J.-C. – 377 av. J.-C.), qui décrit son emploi pour le traitement des ulcères cutanés. Le botaniste et érudit, Théophraste (371 av. J.-C. – vers 288 av. J.-C.), a également fait allusion à ses applications comme colorant et médicament. Dioscoride (vers 25 ap. J.-C. – vers 90 ap. J.-C.), considéré souvent comme le fondateur de la pharmacognosie, a décrit plus en détail les propriétés des racines d’Alkanna tinctoria dans son ouvrage, De Materia Medica, vers 77 après J.C. Depuis lors, cependant, les propriétés médicinales de la plante semblent avoir dérivé vers le folklore et ont été oubliées.

L’orcanette tinctoriale est mentionnée dans deux papyrus gréco-égyptiens du IIIe siècle, provenant probablement de la tombe d’un prêtre découverte à Thèbes (Égypte). Ils sont connus sous les noms de « papyrus X de Leyde » et « papyrus graecus holmiensis ». Selon certains auteurs, l’orcanette ne serait citée dans ces papyrus que comme l’un des principaux adultérants (avec l’orseille) de la pourpre, colorant rouge d’origine animale (Murex).

Toutefois une étude récente (2013) semble démontrer que l’orcanette comme colorant végétal permettait d’obtenir diverses nuances de pourpre en suivant les procédures indiquées dans les papyrus.