11ème jour de Messidor

Jour de la Coriandre. 29 juin.

La coriandre cultivée (Coriandrum sativum) est une espèce de plantes herbacées annuelle de la famille des Apiacées (Ombellifères).

C’est une plante aromatique cultivée dans les zones tempérées du monde entier et employée pour de nombreuses préparations culinaires, particulièrement en Asie, en Amérique latine et dans la cuisine méditerranéenne. Les feuilles sont généralement utilisées fraîches en accompagnement ou comme condiment. Les fruits séchés, souvent confondus avec des graines, sont utilisés comme épice. Moulus, ils sont un ingrédient de base de nombreux mélanges, tels que les currys.

La coriandre est également une plante médicinale, reconnue notamment pour faciliter la digestion. On en tire une huile essentielle utilisée en aromathérapie, dans l’industrie alimentaire pour son arôme et comme agent de senteur en parfumerie, dans les cosmétiques ou les produits sanitaires.

Le mot français vient du latin classique coriandrum, lui-même issu du grec koríannon. L’étymologie courante fait dériver le grec de la racine kóris, « punaise », à cause de l’odeur; cependant le Dictionnaire historique de la langue française rejette cette version, parlant d’un terme « probablement d’origine méditerranéenne ». John Chadwick fait un rapprochement avec le nom d’Ariane, la fille de Minos.

L’origine de la coriandre est incertaine.

Le plus ancien témoignage de l’utilisation des fruits est un papyrus daté de 1550 av. J.-C. listant des plantes médicinales.

Environ un demi-litre de méricarpes ont été retrouvés dans le tombeau de Toutankhamon, et leur présence est courante dans d’autres sépultures de l’Égypte antique à cette époque. La coriandre n’existant pas à l’état sauvage en Égypte, Zohary et Hopf interprètent cette découverte comme une preuve que la coriandre était cultivée (Nouvel Empire, vers le XIVe siècle av. J.-C.).

La coriandre semble avoir été cultivée dans la Grèce antique au moins depuis le IIe millénaire av. J.-C. Des tablettes en linéaire B provenant de la civilisation mycénienne mentionnent la coriandre, en quantité importante, comme offrande rituelle ou comme matière première pour la confection d’onguents et de produits aromatiques à l’usage des temples-palais.

Une des tablettes retrouvées à Pylos fait référence à la coriandre comme étant cultivée pour la fabrication de parfums, et elle aurait été utilisée sous deux formes : comme épice pour ses « graines », et pour la saveur de ses feuilles.

Une grande quantité de coriandre retrouvée dans une couche de l’Âge du bronze ancien à Sitagrí, en Macédoine, renforce l’hypothèse de la culture de la plante à cette période (plus de 1 200 ans av. J.-C.). Les Hébreux l’utilisaient pour aromatiser leurs galettes et les Romains pour conserver leur viande au frais.

En France, des fouilles archéologiques ont mis en évidence la présence de la coriandre depuis l’Antiquité (entre le Ier siècle av. J.-C. et le Ve siècle). Elle fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe siècle ou début du IXe).

Botanique :

La coriandre est une plante annuelle élancée, ramifiée, mesurant généralement en floraison de 30 à 60 cm mais pouvant atteindre 1,40 m. Le feuillage et la tige sont verts ou vert clair tirant parfois sur le rouge ou le violet pendant la floraison, glabres, luisants (notamment les faces inférieures des feuilles). L’inflorescence, blanche ou rose-mauve très pâle, est typique des Apiacées (Ombellifères) : petites fleurs pentamères disposées en ombelles composées. L’odeur de la plante est souvent décrite comme fétide surtout en floraison ou début de fructification.

La germination est épigée et la racine est pivotante. Les tiges sont dressées, grêles, cylindriques, striées. Leur croissance est sympodiale, parfois avec plusieurs branches latérales au niveau du premier nœud. Chaque ramification se termine par une inflorescence unique. La base de la tige d’un plant adulte est creuse et peut atteindre 2 cm de diamètre.

La plante est hétérophylle et les feuilles sont alternes. Plus nombreuses à proximité des racines (souvent regroupées en rosette), elles s’espacent et se raréfient dans la partie supérieure.

Les feuilles les plus basses sont pétiolées, les plus hautes ont un pétiole se réduisant jusqu’à former une gaine foliaire embrassant la tige, presque amplexicaule. Les feuilles inférieures commencent à faner avant que les fruits n’arrivent à maturité.

L’inflorescence est une ombelle composée de 2 à 8 rayons primaires de tailles différentes (de telle sorte que les ombellules soient placées au même niveau) et 5 à 20 rayons secondaires.

L’involucre a une ou deux bractées foliacées linéaires mais est parfois inexistant. Les involucelles ont de 3 à 5 folioles (bractéoles) linéaires, courtes, réfléchies, unilatérales.

Le calice gamosépale se termine par 5 petites dents lancéolées, inégales, persistantes, que l’on peut encore observer sur les fruits mûrs. Les fleurs centrales sont régulières avec de petits pétales échancrés, bifides, courbés vers l’intérieur. Les fleurs périphériques sont asymétriques : les pétales orientés vers l’extérieur de l’ombelle sont nettement allongés et divisés. Le carpelle est composé d’un ovaire infère surmonté par un petit stylopode conique qui supporte deux styles plus longs.

Les fruits sont globuleux, parfois légèrement allongés, de 3 à 6 mm de diamètre. Les fruits frais sont verts et dégagent la même odeur que les feuilles. Ils deviennent beiges, puis ocre-brun clair au cours de leur maturation et développent une odeur plus aromatique. Ce sont des schizocarpes (diakènes) constitués de deux méricarpes hémisphériques accolés, surmontés de ce qui reste du stylopode (parfois des styles) et des dents du calice, ne se séparant qu’une fois très secs. Chaque méricarpe a 9 côtes : 5 primaires flexueuses déprimées, 4 secondaires saillantes, carénées.

Pollinisation : Entomophile, mellifère. Elle est réalisée par les insectes (dont les abeilles domestiques) attirés par le nectar sécrété par le stylopode quand les stigmates sont réceptifs à la pollinisation.

Dissémination : Barochore (par la gravité). Les fruits sont dispersés aux pieds des plantes mères, en tombant. Parfois l’éclatement des fruits alors qu’ils sont encore rattachés à la plante par leur pédicelle projette les méricarpes sur une courte distance.

Ce sont principalement les feuilles inférieures qui sont utilisées. De forme dentelée, elles rappellent celles du cerfeuil. Leur goût est frais et très particulier, mais ne plaît pas à tous. Elles entrent en grande partie dans la composition des currys verts. Tout comme pour le persil, on peut récolter les brins au fur et à mesure de leur maturation sur le plant, et ce jusqu’à l’apparition de fleurs blanches ; à ce moment la coriandre acquiert une odeur que certains qualifient de mauvaise.

Souvent confondus avec des graines, les fruits de coriandre ont un diamètre de quelques millimètres et sont creux et de couleur brun clair à beige. Leur goût est différent de celui des feuilles. Ils sont usuellement utilisés séchés. Entiers, ils parfument les bocaux de cornichons (pickles) ou les liqueurs. Moulus, généralement après torréfaction, et associés à des baies de poivre, ils entrent dans la composition de base des poudres ou pâtes de curry, ou encore agrémentent des tajines et la harira au Maroc, des saucisses ou des terrines. Leur parfum est subtilement orangé.

En Algérie, dans les Hauts Plateaux, les fruits de coriandre sont moulus et mélangés à une préparation d’ail, ce qui donne une poudre ayant une très forte odeur (« koussbor we thoum » / coriandre et ail). Cette poudre est utilisée dans la préparation de nombreux plats comme le couscous. En Tunisie, on prépare le tabil qui signifie aussi bien les graines de coriandre que le mélange d’épices auquel on peut ajouter du carvi, de l’ail et du piment.

L’huile essentielle développe un parfum et un arôme proches de ceux des fruits dont elle est extraite. Plus facile à doser que les fruits ou leur poudre, elle est utilisée dans la production alimentaire industrielle (boissons, boulangerie, charcuterie, currys…).

Les racines sont surtout utilisées dans la cuisine asiatique, en particulier en Thaïlande. Pilées avec de l’ail et du poivre, elles constituent un condiment de base.

De nombreuses vertus sont traditionnellement attribuées à la coriandre, cultivée comme plante médicinale depuis l’Antiquité. Elle est surtout connue pour ses propriétés digestives et carminatives.

Ses autres effets sur la santé ont peu été étudiés scientifiquement chez l’homme ; toutefois, certaines propriétés ont été mises en évidence par des études in vitro ou chez l’animal.

Elle est de nos jours employée en phytothérapie, en homéopathie, et en aromathérapie. Ce sont principalement ses fruits entiers, ou en poudre, et son huile essentielle qui sont utilisés.

La coriandre entre couramment dans la composition des tisanes facilitant la digestion, disponibles dans le commerce.

Plante aphrodisiaque ?

Depuis les temps les plus anciens, la coriandre est considérée comme une plante magique aux propriétés aphrodisiaques, notamment en Égypte et en Palestine. Au Ier siècle, Dioscoride conseillait de boire du vin mêlé à de la coriandre pour favoriser la production de sperme. Les Romains l’associaient à de l’ail pressé pour confectionner un philtre d’amour. Elle fait partie d’une recette de pilules aphrodisiaques de l’Ananga Ranga (en) (livre indien sur l’art d’aimer du XVe ou XVIe siècle). Ses propriétés aphrodisiaques sont mentionnées dans les contes Les Mille et Une Nuits.

Toutefois cette vision n’est pas partagée par tous les auteurs. Hildegarde de Bingen (XIIe siècle) ne parlait pas de la coriandre alors qu’elle connaissait les propriétés aphrodisiaques, donc néfastes, selon elle, de nombreuses épices orientales. Dans De vegetalibus (XIIIe siècle), Albert le Grand la décrit comme anaphrodisiaque. En Afrique du Nord, les fruits secs sont également considérés comme anaphrodisiaques.

Parmi ses utilisations dans le domaine alimentaire et de la santé humaine, l’huile essentielle est employée dans l’industrie pharmaceutique pour masquer l’amertume de certains médicaments. Elle est également employée comme agent de senteur dans des produits d’entretien ménager, des lessives, des produits cosmétiques, et en parfumerie.

La coriandre est mellifère : de grandes surfaces agricoles permettent la production d’un miel monofloral. Le miel de coriandre est produit un peu partout, mais en faible quantité, sauf en Europe de l’Est : en Roumanie et en Bulgarie, ainsi qu’en Russie, où il est une spécialité appréciée pour son arôme puissant.

On l'emploie parfois pour son parfum dans les pots-pourris.