26ème jour de Pluviose

jour de la Guede, le Pastel des teinturiers. 14 février.

C'est le jour de la GUEDE l’un des noms de l'Isatis tinctoria L. qui est une espèce de plante herbacée bisannuelle, de la famille des Brassicaceae.

Utilisée comme plante médicinale et tinctoriale par les Grecs et les Romains de l’Antiquité, elle fut largement cultivée au cours du Moyen Âge et de la Renaissance, en Europe, pour la production d’une teinture bleue, extraite des feuilles, avant d’être détrônée par l’indigotier, puis par les colorants de synthèse.

Le nom vulgaire « pastel » vient du latin pasta, « pâte », par l’occitan pastèl, car autrefois les feuilles d’Isatis tinctoria étaient broyées dans les moulins à pastel et formaient une pâte ensuite fermentée et séchée. De la pâte tinctoriale, le terme en est venu à désigner aussi la plante avec laquelle on la fabrique. Le terme de pastel des teinturiers est aussi employé si on désire lever toute ambiguïté avec les valeurs de pastel utilisées en dessin.

Le nom vernaculaire français « guède » désignant la même plante, autrefois « vouède » (picard : waide), dérive d’une racine germanique *waizda- que l’on retrouve dans l’anglais woad et dans l’allemand Waid. Elle est connue aussi sous les noms vernaculaires d’Herbe de saint Philippe, Varède, Herbe du Lauragais.

La culture du pastel ou guède s’est développée au Moyen Âge, en Picardie et a fait la fortune de la ville d’Amiens entre le XIIe et le XVe siècle grâce à ses capacités tinctoriales. Avec la Guerre de Cent Ans, la culture recula jusqu’à disparaître en Picardie et se développa dans le Midi toulousain, véritable « Pays de Cocagne ». La culture de la guède se poursuit aujourd’hui dans la région de Toulouse et tente une timide percée, après des siècles de disparition, en Picardie.

Isatis tinctoria est une plante bisannuelle ou pérenne à courte vie, en général monocarpique (elle meurt après avoir produit des graines), hémicryptophyte, à racine pivotante.

La première année, la plante forme une rosette de feuilles basales pétiolées. Ses feuilles sont d’un vert un peu glauque, oblongues lancéolées, de 15-20 cm de long, avec un pétiole de 0,5-5,5 cm. Ce sont elles qui sont récoltées pour l’extraction du pigment bleu. La plante ne fleurit pas de toute la saison. Si la seconde année, les conditions environnementales ne sont pas favorables à la formation de graines, elle peut encore rester à l’état de rosette un an de plus.

Généralement la deuxième année, elle émet à partir d’un petit tronc de 4-5 cm au-dessus du sol, de une à cinq tiges dressées, robustes, qui peuvent atteindre 1,50 m de hauteur, sur laquelle s’étagent des feuilles sessiles de plus en plus petites. Elles sont d’un vert brillant ou d’un vert bleuâtre (suivant les variétés), avec une nervure centrale blanche, bien marquée, large à la base. La pubescence est variable.

Les fleurs, petites, jaunes, sont groupées en grappes regroupées en panicules corymbiforme dressées. Chaque fleur est relativement petite (3-4 mm) et s’agite perpétuellement à la moindre brise parce qu’elle est portée par un pédicelle très fin. Elle se compose de 4 sépales verts, de 2 mm, de 4 pétales jaunes, en croix, de 3-4 mm de long.

La floraison se fait en avril-juin. C’est une plante mellifère, visitée par les abeilles.

Les fruits sont des siliques de petite taille 10-20 mm de long, pendantes, de couleur brun noirâtre, oblongues en coin, atténuée à la base ; les graines sont brunes de 2-3 mm de long, ailées.

La teinture « bleu pastel » est extraite des feuilles de la plante. En Lauragais, jusqu’au XVIIe siècle, l’ensemble du processus d’extraction du pigment coloré se déroule sur environ deux ans : la première année, les cultivateurs de pastel cultivent, récoltent et produisent des boulettes de pastel déshydratées (ou cocagnes) qu’ils vendent à des collecteurs locaux, intermédiaires entre eux et les puissants marchands de pastel de Toulouse. La seconde année, ces collecteurs et ces marchands de pastel produisent la poudre tinctoriale (ou agranat). Les riches marchands pastelliers de Toulouse étaient aussi propriétaires de fermes et octroyaient des prêts aux petits paysans.

Les cocagnes :

Les feuilles récoltées sont en général lavées dans un ruisseau pour les débarrasser de la terre qui peut les souiller. Une fois séchées, elles sont portées au moulin pastellier le plus proche, pour être broyées moyennant une redevance. Là, elles sont écrasées pour en exprimer une pulpe. Un moulin pastellier est fait d’une grosse meule à axe horizontal tournant dans une auge de pierre où sont disposées les feuilles à broyer. La traction animale est préférée.

Après broyage, la pâte de pastel est mise à sécher en tas sous un hangar durant un temps variable suivant le lieu de fabrication. Une fois séché et durci, le pastel est écrasé et mis en boule à la main. Ces boules grosses comme le poing ou un peu plus, sont nommées « coques » ou « cocagnes ».

Au fur et à mesure de leur fabrication, les cocagnes sont disposées sur des claies pour qu’elles continuent à sécher pendant un à deux mois. Quand elles sont bien déshydratées, les coques (nommées alors pastel de Cocagne) sont dures et ne risquent plus de se détériorer ; elles peuvent être transportées et être commercialisées pour servir à la préparation de la matière tinctoriale (ou agranat) utilisée dans les cuves de teinturiers.

L’agranat est mis en sac ou en baril pour être transporté. Convenablement stocké, il gardait ses propriétés colorantes une dizaine d’années.

La culture du pastel en Europe a décliné avec l’arrivée de l’indigo des Indes au XVIIe siècle, extrait d’un arbuste nommé Indigofera tinctoria. Elle a disparu presque totalement à la fin du XIXe siècle, à la suite du développement de teintures chimiques bleues.

Aux XVIIIe siècle, on faisait paître les moutons dans les champs de pastel après la dernière coupe d’automne.

Le pastel des teinturiers offre comme plante ornementale, une superbe floraison jaune vif en avril-mai qui reste décorative même après la floraison.

Isatis tinctoria était connue dans l’Antiquité gréco-latine comme plante médicinale et tinctoriale.

pendant sa période de floraison soyez