6ème jour de Fructidor

6e jour de Fructidor au calendrier républicain, jour de la Tubéreuse. 23 août

Née sur les contreforts du Mexique, la tubéreuse (Agave amica ou Polianthes tuberosa) est une plante à bulbe de la famille des agaves.

Ceci explique sûrement son port érigé et ses feuilles semi-succulentes. Mais ce qui va ravir le plus les Aztèques ne réside pas dans la tige, mais dans son parfum unique et capiteux. La tubéreuse trône alors en majesté lors des cérémonies et célébrations.

Lorsque les colons reviennent du Nouveau Monde au XVIème siècle, ils rapportent dans leur caravelle du chocolat et… la tubéreuse.

Cette frileuse sera aussitôt adoptée à la cour de Versailles dans les serres royales.

Marie-Antoinette portera bientôt un parfum à base de tubéreuse qui lui rappellera sûrement les fêtes somptueuses où des centaines de bulbes enivraient de leur odeur les convives.

( Il est curieux de constater que les républicains ont choisi une plante dont le parfum était prisé par l’aristocratie à la cour de Versailles, mais bon …)

Parmi les anecdotes historiques, on dit que Madame de La Vallière, maîtresse de Louis XIV, faisait mettre dans sa chambre des bouquets de tubéreuses. En effet, la tubéreuse passait pour incommoder les femmes enceintes, et elle voulait prouver à la reine qu’elle n’était pas enceinte.

En Italie enfin, on interdisait aux jeunes filles de se promener le soir dans les jardins où poussait la tubéreuse, car elles n'auraient pas su résister aux jeunes gens, eux-mêmes grisés par son parfum érotique.

Zola allant même jusqu’à écrire dans Nana que « quand les tubéreuses se décomposent, elles ont une odeur humaine. » Il faut dire que la tubéreuse présente une étrange particularité : ses fleurs continuent de diffuser leurs particules odorantes pendant plus de 48 heures après avoir été cueillies.

Le bulbe gagne aussi ses lettres de noblesse à Grasse, une petite ville du sud de la France, connue pour ses parfums.

La tubéreuse, une symbolique très forte

A Grasse, la tubéreuse devient avec la Rose l’emblème de la parfumerie à la française. Après avoir baigné les fleurs dans de l’huile, un système de distillation permet d’obtenir un « absolu » de parfum. Il faut quasiment une tonne de tubéreuses pour obtenir 200 g d’absolu, une fragrance que l’on retrouve dans Poison de Dior par exemple.

Pourquoi un tel succès ? Parce que l’odeur de la tubéreuse fascine depuis des siècles.

En langage des fleurs, offrir un bouquet de tubéreuses invite à des extases charnelles exceptionnelles.( rien que ça !)

Au point que les jeunes filles de la bourgeoisie victorienne avaient interdiction d’en humer le parfum, au risque de les pervertir à jamais…

Date de dernière mise à jour : 12/11/2022